Les tourbières, milieux naturels humides, possèdent des sols particuliers constitués d’une accumulation de végétaux non décomposés (tourbe) dans un milieu saturé en eau. Cette accumulation de matière organique constitue d’importants stocks de carbone emmagasinés dans les sols, depuis plusieurs milliers d’années. En moyenne, 1 ha de tourbière stocke autant de carbone que les émissions annuelles d’environ un millier de français.
Néanmoins, les tourbières ont historiquement été drainées et exploitées, dans une perspective de valorisation économique. L’assèchement de la tourbe provoque la dégradation de la matière organique accumulée dans le sol (minéralisation). Ce processus, non réversible, s’accompagne d’émissions de carbone dans l’atmosphère. Aujourd’hui, de nombreuses tourbières dont le fonctionnement hydraulique a été perturbé continuent d’émettre du carbone dans l’atmosphère et voient leur biodiversité disparaitre. On estime ainsi que l’assèchement d’un seul hectare de tourbière provoque des émissions de gaz à effet de serre (GES) pouvant atteindre 20 à 30 tonnes de CO2eq par an. C’est l’ordre de grandeur des émissions de Gaz à effet de serre d’un ménage français sur la même période. Pour restaurer le fonctionnement naturel de la tourbière et préserver les espèces qui y sont liées, il faut donc restaurer le circuit naturel de l’eau dans ces milieux. C’est ce que l’on nomme la restauration hydraulique.
La méthode vise à restaurer les tourbières dégradées en retrouvant une circulation des eaux plus proche de la dynamique naturelle et en favorisant au maximum la rétention de cette eau dans le sol tourbeux. Ainsi, les drains, s’ils existent, doivent être bouchés, les fossés comblés, et les alimentations hydrauliques restaurées. Lorsque la tourbière retrouve une saturation quasi permanente en eau grâce à ces travaux de génie écologique, le processus de minéralisation est stoppé et les émissions de CO2 vers l’atmosphère cessent. A plus long terme, et dans des conditions optimales, les tourbières restaurées pourraient à nouveau stocker du CO2 atmosphérique et redevenir des puits de carbone comme les tourbières naturelles. De beaux exemples de restauration sont déjà à mettre en avant.