Les prairies françaises sont des milieux semi naturels dont l’existence est liée à un usage agricole à travers des pratiques de fauches ou de pâturage plus ou moins extensif qui permet un “entretien” nécessaire pour en maintenir l’ouverture. Elles abritent une biodiversité riche et importante, dont de nombreuses espèces menacées (flore, invertébrés…). Ce sont aussi des puits de carbone qui nécessitent l’adoption de pratiques agronomiques combinant une approche carbone et une approche biodiversité.
La diversité des sols, des climats et des habitats naturels des prairies invite à étudier les modes de gestion au cas par cas. Par exemple, certaines pelouses sèches à la biodiversité rare doivent être gérées avant tout en tant qu’habitat naturel d’exception et non en cherchant à améliorer leur stockage de carbone (qui pourrait se faire au détriment de cette biodiversité particulière). Le fait est qu’aujourd’hui l’ensemencement et l’amendement des prairies réduisent les spécificités écologiques, et que l’intensification de l’exploitation de ces milieux en limite la fonction de puit de carbone.
Le développement des prairies temporaires (régulièrement retournées et réensemencées) au détriment des prairies permanentes à flore spontanée conduit, outre les impacts sur la biodiversité, à libérer le carbone stocké dans le sol et donc limite le potentiel global de puit de carbone des milieux prairiaux.
Avec près de 12,7 millions d’hectares, soit 23% du territoire métropolitain, les prairies représentent un puits de carbone de premier plan. Parce que l’entretien des prairies par l’élevage participe au maintien de certains de ces écosystèmes, il convient que les enjeux agricoles soient pris en compte. Les Conservatoires peuvent s’appuyer sur leur longue expérience en matière de gestion des milieux ouverts.
Des diagnostics agronomiques doivent être entrepris pour déterminer, à l’échelle de la prairie, les bonnes pratiques au regard du carbone et compatibles avec les usages de ces espaces. Dès lors, différentes solutions peuvent être envisagées qui permettraient aux prairies françaises de jouer un rôle encore plus important qu’actuellement dans l’atténuation du dérèglement climatique
Ces outils ne sont pas encore arrêtés, mais une revue de la littérature scientifique sur le sujet invite à considérer différents mécanismes (de la préservation de prairies permanentes, à la généralisation de l’éco-pâturage par exemple) en fonction des caractéristiques du milieu et des acteurs impliqués dans sa gestion.