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La libre évolution des vieilles forêts

Tourbière_palissade_@JulienLanglade_CEN_FC

Les milieux forestiers constituent l’écosystème naturellement en place sur la majorité du territoire métropolitain depuis la dernière glaciation. Ces milieux, qui se déclinent en fonction des climats, de la géologie et de l’altitude, jouent un rôle bien connu de puit de carbone, via la croissance des arbres qui les composent. Historiquement, les forêts ont été exploitées à divers degrés d’intensité pour répondre à nos besoins. Elles ont reculé sur le temps long, les arbres y sont plus jeunes et la diversité y est plus faible qu’à l’état naturel. En conséquence de cette exploitation, les forêts européennes sont désormais moins accueillantes pour la biodiversité des peuplements matures et globalement moins bien connectés entre elles qu’elles ne l’étaient.

Depuis plus de 10 ans, il est désormais reconnu que les forêts anciennes constituent d’importants puits de carbone, contrairement à l’idée qui prévalait jusqu’alors dans les milieux scientifiques. S’il est vrai qu’une forêt « en croissance », capte et séquestre plus rapidement du carbone dans le bois sur pied, il n’est pour autant pas vrai que les forêts sénescentes auraient une absorption négligeable du carbone, voire même seraient des sources de GES. Les compartiments de bois morts, de litière forestière et de carbone organique des sols font des vieilles forêts des puits avérés de carbone mais aussi des endroits où le carbone adopte des formes plus indiquées pour un stockage sur la très longue durée. C’est ainsi dans les sols des vieilles forêts que l’on retrouve des composés carbonés pluri-millénaires.

Comptant désormais pour moins de 0,5 % des forêts métropolitaines, elles représentent toutefois un patrimoine rare et menacé, car insuffisamment protégé . Seul le retour à l’évolution naturelle de certaines forêts aujourd’hui exploitées, sans prélèvement de bois, peut permettre de reconstituer un réseau de vieilles forêts pérenne et répondre à un objectif de constitution d’une trame écologique, dite « trame de gros bois ».

C’est autour de ces constats partagés que les Conservatoires d’espaces naturels et les Parcs naturels régionaux s’associent pour porter conjointement la méthode Label bas-carbone sur la mise en libre évolution de vieilles forêts. Les retours d’expériences du projet Sylvae, Réseau de vieilles forêts, initié par le CEN Auvergne et étendu au niveau national, mais aussi de la cartographie des vieilles forêts en Occitanie et du réseau PRELE en Normandie bénéficieront à l’élaboration de cette méthode Label bas-carbone.

Outre le bienfait évident pour la biodiversité, cette méthode de gestion forestière permet d’assurer à des essences à croissance lente (châtaigniers, chênes…) de prospérer à un rythme naturel. La matière organique ainsi produite est transformée et séquestrée dans les sols forestiers régénérés. Cette seconde forme de stockage de carbone en milieu naturel est bien plus résiliente et pérenne que celle dans la biomasse aérienne, notamment au regard des risques éventuels de feux de forêts. Ainsi, la méthode de libre évolution forestière représente un atout important dans la stratégie d’atténuation du dérèglement climatique

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