Laisser à la forêt le temps nécessaire à son évolution naturelle : voilà l’ambition du projet Sylvae, réseau de vieilles forêts, porté par les Conservatoires d’espaces naturels.

Canopée hêtraie © CEN Auvergne – Emilie Dupuy

Le projet Sylvae des Conservatoires d’espaces naturels, regroupe les actions visant l’acquisition de parcelles de forêts qui seront laissées en libre évolution dans un objectif de préservation sur le long terme.

En pratique, une fois acquises par les Conservatoires d’espaces naturels, aucune coupe ni aucune intervention sur la végétation ne seront programmées.

L’objectif est de laisser les arbres accomplir leur cycle biologique complet : croissance, maturité, vieillissement puis mort suivie d’une régénération naturelle… Un cycle qui naturellement se déroule sur plusieurs centaines d’années.

Les parcelles ciblées pour l’acquisition sont des parcelles :

  • de forêts anciennes
  • de vieilles forêts
  • des forêts récentes présentant des enjeux particuliers au niveau de la biodiversité (forêts à haute valeur écologique).


Ces achats de parcelles peuvent être complétés par un volet d’acquisition de connaissances scientifiques avec la mise en place de suivis à long terme.

En complément et en parallèle du programme Sylvae, des Conservatoires d’espaces naturels peuvent conduire d’autres actions en faveur de la biodiversité en forêt (gestion durable de forêts, conseils aux propriétaires…).

Je soutiens le programme Sylvae

Quelques définitions

Forêt ancienne

Espace boisé qui a conservé sa vocation forestière depuis au moins le début du XIXe siècle (surface minimale occupée par la forêt pour une grande partie du territoire français). Cette ancienneté n’est pas relative à l’âge des arbres qui composent le peuplement forestier mais à la présence continue d’arbres depuis au moins 200 ans. Une forêt ancienne n’est donc pas forcement constituée de vieux arbres.

Forêt mature 

Les forêts matures se distinguent par la présence de gros bois et de vieux arbres, des dernières phases du cycle biologique des forêts, de microhabitats (fentes, trous dans les arbres, etc.) et de l’accumulation de bois mort (niches écologiques indispensables à de nombreuses espèces forestières).

Vieille forêt

les vieilles forêts désignent des forêts qui sont à la fois anciennes et matures.

Ilot de sénescence

Petit peuplement forestier laissé en évolution libre sans intervention et conservé jusqu’à son terme physique, c’est-à-dire la chute des arbres suivie d’une régénération naturelle.

Pourquoi laisser vieillir les forêts ?

Si l’exploitation économique des forêts a toute sa vocation pour la création de matériaux durables et d’énergie, elle empêche le plus souvent le vieillissement naturel des arbres. En effet, elle raccourcit leur cycle biologique qui s’étend normalement sur des centaines d’années…

Il est donc important de conserver une partie des forêts en libre évolution pour :

Préserver la biodiversité forestière

Les forêts laissées en libre évolution se caractérisent par une accumulation de gros arbres sur pied et de bois morts résultante de la dynamique naturelle des écosystèmes.

Ce bois mort accueille une faune particulière et notamment les insectes saproxyliques qui en se nourrissant de ce bois mort participent au recyclage de la matière organique. En forêt, une espèce sur quatre est liée ou dépend du bois mort !

Les vieux arbres constituent également des sites de reproduction et d’abris pour de nombreuses espèces comme les pics, les micromammifères dont les chauves-souris…

Stocker du Carbone et atténuer les effets du changement climatique

Plusieurs études scientifiques récentes ont en effet montré leur rôle important dans ce stockage, notamment à travers la biomasse du sol. La préservation des vieilles forêts contribue ainsi par exemple à atténuer les effets du changement climatique !

Garder des témoins du fonctionnement originel des forêts

Les forêts laissées en libre évolution représentent le modèle le plus pertinent pour améliorer la connaissance du fonctionnement des écosystèmes forestiers, notamment dans le cadre des changements climatiques actuels.

Sylvae en région
Hêtre / Chaine des Puys © Sylvain Pouvaret
Pic-mar_Cademene_F-Ravenot_CEN Franche-comte

Cahier technique Bois et forêts

La forêt s’installe, se développe, vieillit, meurt, se réinstalle… La diversité biologique et les savoir-faire que renferme chaque étape sont essentiels au bon déroulement du cycle. Malgré cela, des éléments clés pour la forêt sont déconsidérés voire éliminés. La vie engendrée par la mort est à ce point fondamentale pour la régénération forestière qu’il faut parfois intervenir en faveur de la part âgée et morte de la forêt.